LE
BENEFICE DU DOUTE
Avant
les forêts appartenaient aux ébénistes
Qui savaient reconnaître dans un bois
Le travail à faire et peut être même
à donner
Aujourd'hui
les forêts appartiendraient plutôt aux allergiques
Qui déclarent une maladie sur deux
Il y a là quelque chose de boulimique
Jamais le remède ne viendra d'un bourgeon
Nous
pénétrons dans un monde d'effacement progressif
Les populations tiennent à leur ardoise magique
Ne l'échangeraient contre rien
Nous voici plantés comme des arbres
Moi
je ne sais vers lequel me ranger
Du passé à l'avenir la branche humaine
Ne tient que par l'allumage des phares
Eux-mêmes lointains descendants des feux
Brûlant les censures que nous nous infligeons
Et
je crains que le tronc de la prière
Réserve un vilain sort aux aumônes
Maintenant qu'à son tour la mienne ne rapporte plus
aucun bénéfice
|